Cri de guerre
Indian s'attaque à la Suisse
Deux-roues et paysages helvétiques s’accordent à merveille. Autrefois, les motos de sport allemandes, italiennes, britanniques et japonaises dominaient et il était rare de voir des motos de fabrication américaine serpenter les cols alpins. Depuis peu cependant, il devient plus courant d'entendre le grondement musclé des moteurs V-Twin rebondissant sur les parois rocheuses. Harley-Davidson a fait de grandes percées en Europe, mais désormais une autre société américaine est en train de devenir un acteur sérieux : Indian!
L'Indian Motorcycle Company, fondée en 1901 (deux ans de plus que Harley-Davidson), est la plus ancienne d'Amérique. Après des débuts promoteurs, puis des fermetures, des coups d'éclat et des résurrections ratées, le géant des véhicules de loisirs Polaris a racheté la marque en 2012. Contre toute attente, Indian s’est depuis connu un succès retentissant.
Une telle réussite, en fait, que Polaris a fermé sa marque de motos originale, Victory, en 2017 pour se concentrer exclusivement sur Indian.
De style différent, ces motos ne sont pas nécessairement reconnaissables instantanément, bien que l’on devine immédiatement qu’il ne s’agit pas d’Harley, ce qui suscite un grand intérêt. Au quotidien, les Indian seront plus admirées dans les parkings que les Harley.
Indian est le premier constructeur américain de motos. En fait, après la Première Guerre mondiale, c'était la plus grande entreprise de motos au monde
Le distributeur suisse de la marque, Simota GmbH, a une longue histoire avec Indian, antérieure à son rachat par Polaris. Après la relance d'Indian, Simota a continué à distribuer la marque, et le succès a suivi.
Pour en savoir plus sur les efforts d'Indian en Suisse, RoadBook Switzerland s'est entretenu avec Francesco Marinelli, directeur des ventes et du développement de Simota GmbH.
RoadBook : Quand Indian est-elle arrivée en Suisse ?
Francesco Marinelli : Indian est le premier constructeur américain de motos. En fait, après la Première Guerre mondiale, c'était la plus grande entreprise de motos au monde. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Indian s'est concentrée sur l'effort de guerre et non sur ses clients privés, si bien qu'elle a perdu ses concessionnaires aux États-Unis au profit de Harley. La plus grande étape de son histoire moderne a été franchie en 2012, lorsque Polaris a acheté la marque et l'a relancée en se concentrant sur l'ingénierie, la production et la qualité.
Indian est arrivée en Suisse en 2008 - Stefan Vogel, PDG de Simota, était à l'époque distributeur des bateaux Mastercraft et Sea Ray. Le propriétaire de Mastercraft en Amérique était le propriétaire d'Indian avant Polaris, et Simota était ainsi devenu l’importateur d’Indian. Mais les modèles proposés à l’époque étaient très chers. Lorsque Polaris a pris le relais, ils ont gardé Simota comme distributeur, ont augmenté la gamme et réduit les prix. En parallèle, Simota est devenu le distributeur de Victory également. En 2015, Indian est arrivée avec plus de modèles et en plus de couleurs, couvrant davantage de segments.
En 2020, nous avons vendu près de 600 motos, ce qui représente une augmentation de 25% par rapport à l'année précédente. Notre plus grand segment de marché est celui des moyennes, avec la Scout, puis des poids lourds (Cruiser, Bagger) et le troisième est le FTR pour les jeunes.
RB : Pourquoi pensez-vous que Indian ait connu un tel succès en général, et en Suisse en particulier ?
FM : Je pense qu'en Suisse, il s'agit de l'American way of life. Grâce aux modèles Scout,Scout Bobber et le FTR, les jeunes voient Indian comme une marque cool, lifestyle. L'héritage historique combiné au renouveau de la marque résonnent vraiment auprès du public, et nous nous concentrons vraiment sur la passion d’Indian.
RB : Qu'est-ce qui rend Indian différent ?
FM : Je pense que Harley est une belle marque, mais Indian, c’est autre chose. La marque est plus petite, plus exclusive, et fraîche. Ses origines sont plus anciennes, mais l'esprit est plus jeune. Nos clients me disent qu'ils achètent Indian parce que la marque est plus exclusive que Harley. C'est un marché de niche. Nous organisons beaucoup d'événements : le salon suisse de la moto, nous avons une coopération avec Ace Café, et nous organisons beaucoup de journées portes ouvertes chez les concessionnaires. En cette période de COVID, nous n'avons plus la possibilité d'organiser des événements, alors nous proposons beaucoup d'essais. Cette année, nous devons nous concentrer sur le marketing numérique parce que nous ne pouvons pas organiser de rassemblements physiques.
RB : Qu'est-ce qui vous enthousiasme le plus ?
FM : Pour moi, Indian est encore un petit enfant, il n'a que sept ans. C'est incroyable de voir l'évolution de la marque. Il est intéressant l’évolution du marché avec l'homologation et l'Euro 5, et nous nous réjouissons des développements à venir.
RB : Indian a vraiment élargi sa gamme depuis son lancement. Pouvez-vous nous décrire les principales lignes de produits, ce qui les diffère et à quoi elles servent ?
FM : Nous avons le Scout Group, les heavyweights (Roadmaster, Chieftain, Springfield, Challenger), et le FTR, qui en est à sa deuxième année. Indian a un grand potentiel. Nous devons en apprendre davantage sur ce marché et sur nos concurrents.
RB : Indian a-t-elle prévu de s'adresser au pilote débutant avec une moto de moindre capacité ?
FM : Nous ne le savons pas encore. Pour le marché européen, nous avons besoin d'une moto de plus petite capacité, mais pour l'instant nous n'avons pas d’informations à ce sujet. Polaris était auparavant propriétaire de la marque Victory, désormais fermée, et n’ont désormais plus qu’Indian.
RB : Certains produits Victory pourraient-ils renaître sous la marque Indian ?
RB : Une grande partie de la technologie de Victory est déjà absorbée par Indian. Le nouveau moteur à refroidissement liquide du Challenger, développé par Victory, en est un exemple. Cependant, la gamme Indian demeurera exclusivement Indian.
RB : Avez-vous un modèle préféré ?
FM : Mon préféré est le Chieftain Dark Horse. C'est une belle moto offrant une expérience de pilotage incroyable et cool. C'est celle que je conduis.
RB : Quelle balade en Suisse serait parfaite pour une Indian ?
FM : Pour moi, la Suisse est géniale pour faire de la moto. De nombreuses régions proposent des balades superbes et étonnantes, avec des cols et des montagnes. J'aime notre pays, surtout le Tessin et le Valais. J'habite près de l'Argovie, et il y a beaucoup de belles routes dans cette région aussi.
En selle
J'ai fait un essai avec un Indien à Las Vegas lorsqu’ils ont relancé la marque sous la propriété de Polaris. La gamme était très limitée à l'époque, mais j'étais impressionné et je le suis encore plus aujourd’hui. Indian est devenue une marque avec laquelle il faut compter, produisant de superbes motos avec des moteurs incroyables, à un niveau de qualité égal ou supérieur à celui de tout concurrent du secteur.
L'année dernière, Indian m'a prêté deux motos pour un test à long terme (10 jours) en Suisse. J'avais hâte de rouler à la fois sur la Scout et la Chieftain, pour sillonner la Suisse et faire des balades. Aucune des ne m'a déçu, bien que ce soient des motos complètement différentes. La Scout est physiquement beaucoup plus petite, agile, rapide et très puissante. J'avais l'impression de pouvoir emmener la Scout n'importe où, et c'est bien là le problème. C'est une moto amusante qui est bonne pour presque toutes les tâches, sauf les randonnées (bien qu'avec des accessoires, cela soit aussi possible).
Je me suis beaucoup amusé sur la Scout, en allant dans le Jura et en déchirant les routes balayées par le vent. Elle s’est avérée confortable, réactive, avec des accélérations en douceur. Le fait de la piloter m'a fait sourire chaque fois que j'ai mis les gaz, je me suis senti en confiance à son guidon. J'ai également aimé l'aspect de son moteur, à la finition presque squelettique.
La Chieftain est un tout autre animal. Longue et avec un moteur beaucoup plus gros, la Chieftain est un peu intimidante. En fait, plusieurs motards que j’avais invité à faire des essais avec moi étaient même réticents à monter sur la Chieftain, à cause de sa longueur, de sa largeur et de son poids imposant.
Mais un seul petit tour à son guidon dissipe toutes ces inquiétudes et vous tombez amoureux du confort, du son, du couple et de l'ensemble de l'expérience. On ne peut pas faire tourner la Chieftain comme on le ferait avec la Scout, mais là est exactement le but. La Scout court devant et trace le chemin alors que la Chieftain reste majestueuse, fière et jamais pressée.
Cela ne veut pas dire que la Chieftain ne peut pas se bousculer quand vous le voulez. Mais vous ne le voudrez pas. Vous asseoir, regarder le paysage défiler tout en écoutant et en appréciant le grondement profond du moteur Thunderstroke suffira à votre bonheur. Chaque motard est descendu de la Chieftain en aimant le grondement du moteur et l'expérience différente qu’elle offre.
Pendant la période de cet essai, j'ai eu l'impression de faire partie d’un club exclusif. Bien sûr, l’on peut croiser quelques Indian sur la route, mais ce ne sont pas encore les motos prédominantes. Il y avait donc un niveau de curiosité que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Partout où je roulais ou me garais, les gens regardaient l’engin, s’arrêtaient et prenaient même des photos.
J’ai beaucoup apprécié les deux modèles, mais si je devais n’en choisir qu’un, ce serait la Chieftain. J'aime sa position de conduite, qui est confortable et vous permet de contrôler la moto. J'aime aussi son moteur, qui sonne très bien quand on tourne l'accélérateur. J'ai particulièrement apprécié de rouler dans les tunnels, de faire tourner le moteur et de me délecter du chant rauque du moteur Thunderstroke lorsqu'il rebondit sur les murs.
Dix jours peuvent sembler longs, mais quand l’essai fût fini, il m’a semblé avoir duré l’espace d’un clin d'œil. Après avoir du rendre ces motos, il y avait un trou dans mon cœur.
Je suis sorti marcher pour me changer les idées et l’une de mes voisines, une dame de 82 ans qui a toujours été extrêmement droite et correcte, s'est penché sur moi et et a demandé : "qu'est-il arrivé aux motos Indian ? Je lui ai dit qu'elles avaient été récupérées, qu'elles n'étaient pas à moi, que je les testais seulement. "Quel dommage", me répondit-elle avec nostalgie. "Quel dommage ! C'était génial de les voir là. Elles étaient si belles".
Quel dommage, en effet.
La gamme Indian en 2021
"Nous sommes extrêmement motivés par l'important élan de la marque que nous connaissons, et nous sommes plus que jamais déterminés à offrir à nos pilotes les meilleurs produits et expériences de leur catégorie", a déclaré Reid Wilson, vice-président d'Indian Motorcycle. "Nos clients sont extrêmement exigeants, avec des attentes élevées dans tous les domaines, et il nous incombe de rester à la pointe du style, des performances et de la technologie. Les ajouts à notre gamme 2021 et l'amélioration des caractéristiques de nos produits sont le résultat du travail acharné et du dévouement que nous apportons à chaque moto de la gamme".
Bien qu'aucun nouveau modèle n'ait été introduit pour 2021, Indian a amélioré sa gamme actuelle et a introduit de nouvelles versions de ses deux-roues existants.
La nouvelle Indian Vintage Dark Horse est livrée avec des sacs en cuir souple et un style entièrement noirci.
En 2021, la Roadmaster bénéficie d'importantes améliorations : l'Apple CarPlay® est désormais de série sur toute la gamme, tandis que les modèles Roadmaster Limited et Roadmaster Dark Horse sont équipés du tout nouveau siège chauffant et refroidissant ClimaCommand Rogue avec intégration du Ride Command.
La Roadmaster Limited rejoint la gamme Roadmaster. Elle se caractérise par une peinture brillante, des finitions chromées, un carénage moderne, un garde-boue avant ouvert et des sacoches de selle. La Roadmaster Dark Horse, quant à elle, a été restylée et comporte aussi des finitions entièrement noircies. Chaque modèle est propulsé par le puissant moteur Thunderstroke 116 refroidi par air d'Indian Motorcycle et est doté de caractéristiques de premier ordre, notamment des carénages inférieurs avec des bouches d'aération réglables, des poignées chauffantes et un pare-brise réglable par bouton-poussoir.
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