Audi s6 e-tron
Lignes de fuite
Deux promontoires séculaires, un break électrique tourné vers l’avenir et une diagonale à travers la France comme fil conducteur. L’Audi S6 e-tron Avant nous conduit de la quiétude des Préalpes à l’effervescence monégasque et retour, entre lignes de crête et coulisses du sport automobile.
Au pied de la colline gruérienne où les traditions sont ancrées dans les pierres autant que les papilles, les premiers rayons du soleil franchissent les sommets pour inonder la vallée. Devant nous, ce long break racé, posé, aux lignes tendues et au regard acéré. L’Audi S6 e-tron Avant ne cherche pas à briller. Elle en impose en silence sa force tranquille.
Oubliez les tonitruants 5-cylindres, V8, V10 et V6 qui ont rythmé l’histoire de la S6 depuis 1994. Place au 100% électrique. Reposant sur la plateforme PPE développée avec Porsche, la S6 e-tron embarque deux moteurs – un sur chaque essieu – et une transmission intégrale pour un total de 503 ch (551 ch avec Overboost) et 855 Nm de couple. Une batterie de 100 kWh pour 545 à 578 km d’autonomie (WLTP) alimente l’ensemble. Sur notre voyage, la consommation moyenne atteint 21,8 kWh/100 km (ou 460 km d’autonomie), malgré les longues portions autoroutières et une conduite soutenue au retour. Mais ce qui compte n’est pas la statistique, mais le sentiment d’être libre et voyager sans contrainte. Et de ce côté-là, la S6 fait le job.
... l’Audi ne roule pas, elle plane ...
Cap au sud, donc, pour ce roadtrip sans octane mais non sans une légère angoisse de la panne sèche. L’autoroute déroule, monotone pour certains, transfigurée ici.
L’Audi ne roule pas, elle plane. Suspension pneumatique, châssis piloté, direction précise, toucher de route feutré, confort de haut vol : la S6 e-tron efface les kilomètres avec un flegme désarmant. L’absence de bouilleur sous le capot passe inaperçue et la hifi Bang & Olufsen distille des aiguës cristallines et basses profondes typiques de la firme danoise.
Première halte à Grenoble imposée par le GPS, pour 16 minutes de recharge. Juste le temps d’un café, une clope et détour au sanitaires puisque de retour à la voiture la charge était déjà terminée. 270 kW en pointe, ça dépote ! Le réseau de recharge français tient ses promesses en puissance de recharge, pas comme en Suisse ! Durant tout notre voyage, le système embarqué a géré avec brio la fréquence et les lieux de recharge, que l’itinéraire soit automatique ou dicté, au travers de son interface fluide et rapide. Sérénité totale.
Nous quittons alors les grands axes. Le Col de la Croix Haute s’ouvre devant nous. S’il n’a rien d’un géant alpin, il est suffisant pour passer d’une conduite passive à active. Et l’Audi révèle un autre visage. Pas ludique, mais souverain. Pour un break de 2,4 tonnes, l’équilibre impressionne. L’agilité est réelle, pourtant sans l’aide de roues arrière directrices. Le poids ne se trahit qu’au freinage. Le comportement, toujours lisible, rend l’expérience plus chirurgicale que viscérale, mais redoutablement efficace. Reste que le son artificiel du mode Dynamic ne compense pas le frisson guttural d’un V8 et que le mode de récupération « B », bien que réglable aux palettes, manque d’intuition à son entrée en action.
Nous arrivons à notre première étape : l’Hôtel du Castellet. Un écrin luxueux sur les hauteurs de Bandol. Nous ne sommes pas éreintés, mais savourons cette parenthèse entre dîner et nuit étoilés. Un luxe discret, comme celui de la voiture qui nous y a menés et qui s’abreuve, de son côté, d’électrons.
Le lendemain, la S6 e-tron entre en piste au Circuit Paul Ricard adjacent. Sur ce tracé mythique, aussi utilisé par la marque pour ses « Audi Driving Experience », nous réalisons quelques clichés sur la piste avec Bernard Asset (voir notre article).
La ligne droite du Mistral est l’occasion de tester les promesses en performance. Le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes ? Plus que crédible. Le freinage ? Souverain et endurant. La S6 e-tron sait se faire respecter.
Bernard nous emmène ensuite visiter la Winfield Racing School toute proche, berceau de grands noms français et étrangers de la F1, mais aussi de Marcel Fässler, pilier suisse des succès d’Audi en endurance entre 2010 et 2015.
Il est temps de rallier Monaco. Entre palmiers et supercars notre break se faufile avec une relative aisance : son format de déménageuse de luxe, 4,93 m de long et 1,96 m de large, exigent tout de même une certaine attention. Dans la ville camp de base du Rallye Monte-Carlo où Audi a marqué l’histoire entre 1981 et 1985, nous visitons la Collection de Voitures de S.A.S. le Prince de Monaco (voir notre article). Une exposition d’une centaine de voitures, toutes en état de rouler, réunies par le Prince Rainier III et maintenant Albert II. Des voitures de tous âges et de tous pays, populaires ou de prestige, ainsi que de sport, du rallye à la F1.
Un dernier cliché sur la digue du port avec la Principauté en arrière-plan et il est temps de rentrer. Ce sera par la route Napoléon, ruban d’asphalte et d’histoire qui serpente entre Cannes et Grenoble. On coupe parfois les aides à la conduite, pour mieux sentir le lien entre la machine et la route. Même poussée dans ses retranchements, la S6 ne bronche pas. La tenue de route reste impériale dans les enchaînements, même à vitesse élevée. Si l’autonomie fléchit vite en montée, la science des ingénieurs allemands fait merveille à la récupération en descente. Les nombreux virages permettent de noter l’excellent maintien offert par les sièges et l’excellente qualité de construction et de finition globale de l’habitacle. Rien ne grince, rien ne tremble. A ce tarif, 104'850.- francs de base, près de 128'000.- francs pour notre modèle, on n’en attendait pas moins.
À l’arrivée, plus qu’une surprise, une évidence : voyager loin en électrique est non seulement possible, mais désirable. L’Audi S6 e-tron Avant, discrète, puissante et efficace, propose une autre forme de sportivité. Moins démonstrative, mais d’une implacable cohérence. Et ce calme qu’elle distille, cette force tranquille, n’est-ce pas cela le vrai luxe ?
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