Ferrari 849 Testarossa
Beauté audacieuse
Maranello exhume l'un de ses patronymes les plus sacrés pour habiller son dernier modèle. Derrière l'appellation mythique qui a fait fantasmer toute une génération d'amateurs de synthwave et de Miami Vice, la nouvelle 849 Testarossa succède à la SF90 avec panache et ambition.
Ce 9 septembre dernier à 20h30 précises, la planète automobile a explosé, comme à chaque lancement d'un nouveau modèle Ferrari. Les réseaux sociaux sont entrés en ébullition : Ferrari a osé donner le nom de Testarossa à son nouveau bolide ! Et beaucoup de s'écrier : « mais elle ne ressemble pas à la Testarossa de 1984 ? » Non, et c'est confirmé par Flavio Manzoni, la 849 Testarossa ne s'en inspire visuellement en rien. Ici, pas de larges prises d'air latérales striées. Si à Maranello l’on a osé ressortir cette appellation mythique des tiroirs, c'est d'abord, toujours selon le patron du design de Ferrari, parce que peindre les culasses en rouge a toujours été un privilège réservé aux exemplaires les plus puissants de la marque. Ensuite, parce que ce nom a toujours été donné à des modèles particulièrement disruptifs en termes d'esthétique. Faut-il rappeler que la Testarossa de 1984, dont le design très innovateur était signé Pininfarina, ne reprenait elle aussi absolument rien de la fameuse 250 Testa Rossa de 1957 imaginée par Scaglietti, ni d'ailleurs de la première du nom, la 500 TR de 1956. Du reste, poursuivons sur la nomenclature : chez Ferrari, même les chiffres ont un sens. Le 8 fait référence aux huit cylindres du moteur ; le 49 à la cylindrée unitaire de 490 cm³ par cylindre.
... la planète automobile a explosé, comme à chaque lancement d'un nouveau modèle Ferrari...
Quelques heures après ces émois, revenons à tête reposée sur ce lancement, que nous avons pu suivre en avant-première et en personne à Milan. La 849 Testarossa adopte le nouveau langage stylistique initié sur la 12Cilindri et poursuivi sur la F80 : un bandeau noir reliant les phares, des volumes sculptés, des lignes nettes, une agressivité assumée, un futurisme certain. Mais là où elle devient vraiment intéressante, c'est dans sa capacité à évoquer le passé sans jamais sombrer dans la nostalgie béate. Son allure générale a beaucoup puisé dans celle des Ferrari d'endurance des années 70, notamment les 512S et 512M. On pourrait y voir aussi un petit quelque chose de 308 ou de 288 GTO, notamment sur l'arête noire de sa face avant. Le plus troublant ? Ces phares qui semblent figés dans une position où ils seraient sur le point de basculer en position relevée. C'est probablement le plus proche qu'on aura jamais des feux pop-up sans feux pop-up. Du grand art de la suggestion. À l'arrière, elle adopte une architecture avec deux sections d'aileron appelées twin tail, là aussi en clin d'œil à la 512.
Ces belles formes qui n'ont pas oublié la fonction : la voiture génère au total un appui de 415 kg à 250 km/h. Notons le dessin particulier de la portière : l'intégration d'un canal visant à diriger l'air vers le moteur a nécessité à lui seul des mois de travail, cette forme étant réputée impossible à emboutir en partant d'une seule feuille d'aluminium. Sur l'insistance du département design et avec l'aide de fournisseurs externes, Ferrari est finalement parvenue à trouver des solutions afin de pouvoir la produire artisanalement.
À bord, la 849 Testarossa adopte un cockpit en véritable cocon autour du pilote, avec une console centrale qui semble flotter dans l'habitacle, le fameux sélecteur de vitesses en suspension. Et après avoir essayé les pavés tactiles, Ferrari en est revenue : les boutons physiques font leur grand retour sur le volant, y compris l'iconique bouton de démarrage. Hallelujah.
Sous le capot, la sophistication frôle la démence. Le système hybride rechargeable (PHEV) dispose d'un V8 biturbo thermique de 4 litres qui développe désormais 830 chevaux grâce notamment au plus gros turbocompresseur jamais installé sur une Ferrari de série. Trois moteurs électriques viennent l'épauler : deux à l’avant et un à l’arrière, directement inspiré de la F1. Résultat : 1'050 chevaux au total, pour un couple de 842 Nm. Rapportés au poids contenu de 1'570 kg, l'on obtient un rapport poids / puissance phénoménal de 1,5 kg par cheval.
Le plus fascinant ? Cette diablesse peut se transformer en agneau électrique silencieux sur 25 kilomètres, propulsée uniquement par les moteurs avant. Un paradoxe délicieux et utile en ville (ou lorsque l'on ne veut pas réveiller les voisins en rentrant d'une balade tardive). Les performances, elles, relèvent de la pure pornographie mécanique : 2,25 secondes de 0 à 100 km/h - l'accélération d'une F1 moderne - tandis que l'exercice du 0 à 200 km/h est liquidé en 6,35 secondes.
Passons à la conduite : Ferrari présente un nouveau système baptisé FIVE (pour Ferrari Integrated Vehicle Estimator). En se basant sur un algorithme alimenté par des mesures prises en temps réel, il est capable d'aider le conducteur en anticipant le comportement de la voiture. Il est couplé au système e4WD de torque vectoring utilisant les deux moteurs électriques couplés aux roues avant pour aider la voiture à pivoter, à un nouvel ABS à 6 capteurs et à des freins agrandis et améliorés. De quoi permettre à la 849 Testarossa de tourner sur le circuit d'essais maison de Fiorano en 1'17''5, un chrono qui relègue la SF90 - qui pourtant ne se traînait pas - à 1 seconde et demie.
Trois voitures sinon rien : poursuivant sa stratégie initiée avec la 12Cilindri, Ferrari présente d'emblée les versions coupé et Spider. Il convient d'y ajouter une troisième : désormais, le pack Assetto Fiorano ne se compose plus seulement d'une amélioration des trains roulants. Il est désormais identifiable esthétiquement, puisque les twin tail sont remplacés par deux véritables ailerons empruntés au programme XX.
Passons aux choses bassement matérielles : le tarif suisse n'a pas encore été annoncé, mais comptez € 460'000 pour le coupé, € 500'000 pour la Spider, et € 52'500 euros supplémentaires pour le pack Assetto Fiorano. Les premières livraisons sont prévues pour le deuxième trimestre 2026 pour le coupé, le troisième pour la Spider.
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