06/09/2025 - Automotive

Texte: Jérôme Marchon            photos: Anthony Michalak

MG Cyberster

Elle ne manque pas d’air

Il y a un format que la vague électrique avait presque snobé jusqu’ici, à de rares exceptions : le cabriolet. Une silhouette que qu’on choisit avec le cœur, pas avec un tableur. Celle qui vous décoiffe autant qu’elle vous fait sourire.

Texte: Jérôme Marchon            photos: Anthony Michalak

MG Cyberster

Elle ne manque pas d’air

Il y a un format que la vague électrique avait presque snobé jusqu’ici, à de rares exceptions : le cabriolet. Une silhouette que qu’on choisit avec le cœur, pas avec un tableur. Celle qui vous décoiffe autant qu’elle vous fait sourire.

Longines World’s Best Racehorse

Carrosserie désormais boudée par les constructeurs généralistes, perpétuée tant bien que mal chez les Premiums et encore vivace dans le luxe, il y avait à nouveau de la place pour une décapotable « abordable ». C’est donc la grande porte que pousse MG, convertissant au passage la catégorie à l’électromobilité.

Oui, MG. Cette marque britannique un brin poussiéreuse, mais toujours présente dans la mémoire des passionnés. On la croyait reléguée aux aux allées d’un salon de la voiture ancienne, elle ressuscite pourtant en force, en Europe, avec une gamme très complète électrique et hybride. Et à sa tête : un roadster plus déluré que nostalgique, la Cyberster. Ses ambitions ? Rappeler à tout le monde que les roadsters, c’est la vie et égayer un univers qui parle plus souvent de bornes et autonomie que de plaisir.

Longines World’s Best Racehorse

... un cabriolet électrique, spectaculaire, inattendu, tout sauf low-cost ...

MG a été fondée en 1924. Un siècle plus tard, la marque célèbre son centenaire avec un engin digne des meilleures heures de Goodwood, où elle a justement été mise à l’honneur l’an dernier. Entre-temps, l’histoire a connu des virages serrés. Après une dernière tentative 100 % british (MG Rover, 2000-2005), terminée en sortie de route, la marque a été reprise par le géant chinois SAIC Motor. Un colosse de l’automobile qui fabrique plus de 5 millions de véhicules par an et qui règne depuis 18 ans sur le marché chinois.

Depuis cette reprise, MG a reconstruit sa réputation à coups de modèles très efficaces et abordables, pas forcément excitants mais bien positionnés. Jusqu’au jour où quelqu’un, chez SAIC, a visiblement eu envie de s’amuser. Résultat : la Cyberster. Un cabriolet électrique, spectaculaire, inattendu, tout sauf low-cost.

Longines World’s Best Racehorse

Longines World’s Best Racehorse

Dévoilé sous forme de concept en 2021 à Shanghai, le modèle de série en reste étonnamment proche. La proue conserve ses galbes fluides, les portes en élytre sont toujours là et l’arrière s’offre des feux en forme de flèches. C’est audacieux et ça fonctionne. Même les peintures sont tapageuses : rouge « Flare Red », jaune « Nuclear Yellow », bleu « Irises Cyan »… Heureusement, du gris ou du beige sont disponibles pour tempérer un peu. Mais pas de vert « British Racing Green », un oubli, avouons-le, confinant presque au sacrilège. La capote, elle, est sobrement noire ou rouge et s’ouvre en 15 secondes, même en roulant jusqu’à 50 km/h. Parfait pour improviser un bain de soleil entre deux averses.

Les dernières MG de l’ère anglaise n’ont jamais vraiment brillé par la qualité de leur intérieur. Souvent tristes, parfois très plastiques. La Cyberster change la donne et propose des sièges bicolores au look racé électriques, chauffants, avec mémoire. Ecoresponsabilité oblige, la sellerie est réalisée en microfibre et similicuir. L’agencement se révèle de bonne facture, tendu de peausseries assemblées et surpiquées avec soin et les quelques placages en plastique font bonne figure. L’environnement est entièrement numérique, avec trois écrans face au conducteur, plus une dalle verticale et tactile sur la console centrale, dédié aux fonctions secondaires telles que la climatisation et les réglages.

Longines World’s Best Racehorse

Longines World’s Best Racehorse

Le volant multifonction intègre des palettes, non pas pour changer de rapport – il n’y en a pas – mais pour ajuster le niveau de récupération d’énergie au freinage. Hormis les commandes usuelles de navigation dans les menus et pour l’audio, les commandes au volant sont bien pensées avec un bouton pour le régulateur de vitesse à gauche et les modes de conduite à droite. Petit bémol cependant : les deux écrans latéraux, hérités du concept à volant type « papillon », sont partiellement masqués par le volant rond de série. Il faut donc un peu se pencher pour lire la navigation, elle-même pas très judicieusement placée dans l’écran à gauche du conducteur. Pas dramatique, mais améliorable. Tout comme les sièges, qui auraient pu offrir un maintien un tantinet plus prononcé pour les grands gabarits en conduite engagée.

Sous ce look futuriste se cache une vraie sportive. Deux versions sont proposées : la « 2WD », propulsion de 335 ch, et la « 4WD », traction intégrale de 503 ch. Cette dernière joue dans la cour des grandes avec un 0 à 100 km/h expédié en 3,2 secondes. La deux roues motrices ne démérite pas non plus, avec 5 secondes dans le même exercice.

Évidemment, avec près de deux tonnes sur la balance, on est loin des petits roadsters mythiques d’antan ou même d’une Mazda MX-5 aujourd’hui. Il n’empêche, MG a plutôt bien étudié son projet : répartition idéale des masses (50/50), direction précise et comportement sain. Sur les routes de campagne, la Cyberster 4WD s’est montrée à la fois rassurante, efficace et très engageante en haussant le rythme. L’amortissement, taré entre confort et sportivité, offre un compromis correct : doux sur les petites irrégularités, plus ferme sur les grandes ondulations. En conduite plus enjouée l’amortissement montre cependant ses limites : s’il contient bien le roulis, le manque de retenue en détente fait rebondir la voiture sur les bosses. Le guidage est parfait dans les grandes courbes rapides, mais devient plus imprécis sur les tracés plus sinueux. Ah ! Le poids, cet ennemi éternel ! Cela dit, le freinage puissant et mordant s’en accommode avec célérité et endurance. Rassurant.

Longines World’s Best Racehorse

Les deux versions intègrent une batterie NMC à la capacité nette de 74,4 kWh. De quoi offrir 509 km d’autonomie WLTP pour la 2WD, 444 km pour la 4WD. Pas révolutionnaire, mais suffisant et adapté à un usage quotidien. La recharge rapide monte à 150 kW et permet de passer de 10 à 80 % de charge en 38 minutes. Une pause-café tous les 300 km en balade, et vous êtes repartis. Évidemment, la consommation dépendra grandement du rythme imposé. Un pied droit un peu enthousiaste fera grimper la soif d’électron autour des 28 à 30 kWh/100 km, soit environ 250 km d’autonomie réelle. En mode cool en profitant du paysage cheveux au vent, la Cyberster peut se contenter de 18 kWh/100 km, soit plus de 410 km réels.

Les tarifs sont à l’image de l’auto : ambitieux mais cohérents. La 2WD démarre à 63'990.- francs et la 4WD à 67'990.- francs. Certes à ces tarifs on peut lorgner sur une BMW Z4 thermique. Mais avec 500 ch, en propulsion électrique, des portes en élytre, un badge et un nom évocateurs également, la Cyberster n’a pas vraiment de concurrente directe.

Sans révolutionner la technologie mais avec une proposition un brin excessive ou délicieusement déraisonnable, MG apporte un souffle neuf et instille une bonne dose d’émotion dans une catégorie de propulsion souvent très raisonnable, voire impersonnelle. Comme quoi l’idée qu’une voiture électrique puisse être un plaisir en soi n’est pas perdue ! Et au contraire ça fait un bien fou. « Je ne manque pas d’air » dites-vous ? C’est fait pour ça, un roadster…

www.mgmotor.ch

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